0728 unités de temps du 157ème jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ Section de recherche forerunner, structure-artéfact Géant de gaz, planète Threshold.
Une pluie de plasma cribla la vague d’immondices qui fonçait sur l’escouade de loyalistes, alors qu’ils prenaient une formation défensive contre l’un des murs de la pièce. Mais la troupe avaient beau être constituée de sept sangheilis dont trois officier et de cinq ungoys, les parasites étaient tout simplement trop nombreux, trop rapides. D’un simple signe, Irul ordonna aux ungoys placés à l’arrière de jeter des grenades dans la masse ennemie, et ceux-ci s’exécutèrent. Mais la peur qui les saisissait rendit leurs gestes trop rapides, et les explosifs se dispersèrent à travers la salle sans causer trop de dégâts. La situation devenait de plus en plus critique alors que d’autres conduits d’accès à la salle s’ouvrait pour laisser passer d’autres centaines de parasites. Rapidement, presque toute la pièce fut envahie par ces monstruosités.
Alors qu’il continuait de tirer en veillant à éviter la surchauffe de son arme, Irul réfléchissait à un moyen de sortir ses frères de là. Il était clair que la victoire par les armes était totalement impossible, ce qui impliquait de trouver un couloir de fuite. La porte par laquelle ils était arrivée ne pouvait correspondre. Déjà parce que cela les éloignait de leur cible principale, qu’ils ne pouvaient ignorer, et ensuite parce qu’elle était désormais recouverte par plusieurs centaines de bestioles voraces. Mais il y avait une autre porte, plus près de leur position, qui pouvait leur permettre de fuir. Bien qu’elle soit verrouillée, il existait encore un moyen de l’utiliser avant qu’il ne soit trop tard. Rapidement, Irul se tourna vers le lieutenant Kurolee, et lui annonça hâtivement :
- Il nous faut sortir d’ici au plus vite ! Que deux de vos hommes aillent découper une ouverture dans cette porte ! Nous allons les couvrir !
A vos ordres, commandant ! Silurnee ! Antopee ! Vous avez entendu ?
Les deux commandos sangheilis répondirent d’un simple signe de tête, et dégainèrent aussitôt leurs épées plasma, tout en conservant l’un de leurs fusil en main. Sous le tir de couverture du reste de l’escouade, ils entreprirent de sectionner l’épaisse porte de métal. Bien que le fait d’endommager l’œuvre des forerunners constituait un crime grave, la présence du parasite changeait toute l’équation. L’Alliance avait déjà affronté cette menace sur de nombreux monde-reliques, et avait finit par établir un protocole d’action dans ce genre de cas.
D’abord, il fallait établir un blocus de la zone infectée, pour que le Parasite ne se répande pas. Du fait que cette structure était suspendue dans les airs, à moins de prendre possession d’un appareil volant, cela était impossible. Ensuite, les troupes avaient de l’Alliance avaient pour mission de s’assurer que toutes les reliques majeures soient évacuées, car il faudrait ensuite détruire totalement toute la zone. Mais s’il y avait des reliques ici, elles devaient avoir été emporté sur Grande Bonté il y a longtemps lors de la première exploration de Géant de Gaz. Quant à la destruction de la structure, Irul avait déjà son idée…
Le découpage de la porte fut un procédé long et ardu, même avec la puissance des épées plasmatiques des deux commandos. Plusieurs fois, ils durent interrompre leur tâche pour tirer sur leurs assaillants, au risque d’être submergés, mais au final, ils réussirent à travailler une ouverture. Celle-ci n’était pas très grande, ne permettant le passage que d’une personne à la fois, mais les sangheilis et ungoys allaient devoir s’en contenter.
Allons-y mes frères ! ordonna Irul. Continuez de tirez ! Ne faiblissez pas !
Progressivement, l’escouade passa de l’autre côté, continuant de tirer à travers l’ouverture pour couvrir ceux qui restaient à l’intérieur. Rapidement, il ne restait plus que le lieutenant Kurolee, l’Arbiteur, et Irul dans la salle. L’envie naturelle des officiers de défendre leurs guerriers les plaça cependant en une situation bien périlleuse alors que la salle grouillait de plus en plus. Alors qu’il activait sa seconde lame énergétique, Irul ordonna :
- Allez-y ! Je vais les retenir un moment ! Ensuite vous n’aurez qu’à me couvrir !
- Ne contestez pas mes ordres ! Il n’est pas encore temps de le sacrifier !
Irul savait que le commando devait avoir des consignes précises venant des prophètes concernant l’Arbiteur, l’ancien commandant suprême Orna Fulsamee. Cette mission devait certainement avoir eut pour objectif de le faire tuer, et cela devant Irul pour lui faire comprendre la leçon : on ne compromet pas le Grand Voyage. Mais Irul n’avait pas l’intention de laisser mourir ainsi son prédécesseur, son tuteur, et le père de Elda. D’un revers de bras, il força le lieutenant à se diriger vers la porte, puis se jeta au milieu des minuscules et innombrables ennemis.
Irul avait parfaitement confiance en son équipement, et surtout en ses propres capacités. Il savait qu’il pourrait survivre à autant de parasites pendant assez de temps pour permettre aux deux sangheilis de sortir. Ses deux épées plasma tranchaient la masse verdâtre tandis qu’il esquivait le plus grand nombre de bestioles qui sautaient pour tenter de s’agripper à lui. Elles étaient beaucoup trop nombreuses pour qu’il les évite toutes, mais son bouclier énergétique encaissait plutôt bien les dégâts, carbonisant instantanément tout parasite entrant en contact. Lorsque le niveau de protection de son armure passa en-dessous de 50%, Irul se retourna vers la porte, et s’aperçu que ses frères étaient enfin hors de danger. Rapidement, il franchit les quelques mètres le séparant de la sortie et plongea droit dans l’ouverture.
Il se retrouva dans un long couloir blanc très éclairé, au bout duquel se trouvait une autre porte. Dès qu’Irul fut passé, ses guerriers ouvrirent le feu dans la masse de parasite tandis qu’ils reculaient progressivement dans le couloir. La seconde porte n’était heureusement pas verrouillée, et s’ouvrit sur une énorme plate-forme suspendue au-dessus d’un puits, et perforée d’une unique colonne traversant l’ensemble du puit. Irul comprit rapidement qu’il s’agissait d’un ascenseur, ou d’un monte-charge, qui pouvait les conduire à leur cible. Lorsque le dernier membre de l’escouade eut passé la porte et que celle-ci se soit refermé, le jeune commandant planta sa lame dans son panneau de contrôle. Au moins, s’ils veulent nous suivrent, ils devront la briser. Et pour cela, il va leur falloir du temps.
Puis il se tourna vers la plate-forme, qui était divisée en deux étages, et sur laquelle était placé plusieurs containers cylindriques de la taille d’un ungoys. Par précaution, Irul préféra ne pas y toucher. Après ce qu’il venait de voir, il préférait ne pas savoir ce qu’ils contenaient.
- Trouvez la commande d’activation de cet ascenseur ! ordonna Irul. Nous ne devons pas perdre de temps !
- Commandant ! fit l’un des ungoys. Je l’ai trouvé ! Derrière la colonne centrale !
Le règlement était clair : lors des missions des Forces Spéciales, les ungoys n’étaient pas autorisés à activer un quelconque mécanisme, afin d’éviter les erreurs de manipulation. Seuls les sangheilis, qui connaissaient bien mieux les technologies humaines et forerunner, pouvaient interagir de cette façon avec des dispositifs étrangers. Irul s’avança alors vers l’ungoys et activa l’ascenseur, qui se mit aussitôt à descendre. Lorsqu’il s’arrêta une dizaines de mètres plus bas, Irul ordonna à ses troupes de reprendre une formation offensive.
Prudemment, l’un d’entre eux ouvrit la porte menant à cet étage, pour faire apparaître un couloir semblable à celui qu’il venait de traverser, sauf qu’il bifurquait sur la gauche après dix mètres.
- Deux guerriers en éclaireur ! ordonna Irul. Les autres en couverture ! Les ungoys restent à l’arrière-garde !
La désignation « guerrier », pour un sangheili, ne pouvait concerner qu’un autre sangheili. Cette race fière se considérait comme le seul véritable peuple guerrier de l’univers, et n’avait que peu d’estime pour les autres races, qu’elles soient ennemies ou alliées. Deux sangheilis prirent donc la tête, et explorèrent prudemment le couloir jusqu’à en atteindre le virage. L’un d’eux se posta à l’angle tandis que l’autre se plaquait sur le mur opposé. Par signes de mains, ils comptèrent jusqu’à trois, puis avancèrent.
Mais dès que celui posté à l’angle eut passé la tête, celle-ci fut décapitée par une énorme griffe, et la silhouette menaçant d’un sangheili infecté se jeta sur le second. Celui-ci eut tout juste le temps de dégainer son épée et de trancher le bras avec lequel la créature comptait le frapper. Le reste de l’escouade ouvrit immédiatement le feu, et l’abomination tomba à terre quelques instants plus tard.
- Par les prophètes… murmura le lieutenant. Ces maudits hérétiques… qu’ont-ils fait ?
Irul ne répondit pas. La perte de l’un de ses frères était quelque chose dont il avait été forcé d’être habitué, mais cette fois-ci, il ne put s’empêcher de regretter sa décision.
Soudain, il sentit la main de l’Arbiteur sur son épaule.
- Ne pensez pas à ce que vous auriez put faire. Pensez plutôt à ce que vous allez faire, désormais. Les remords ne se libèrent qu’une fois la bataille terminée. Tant que ce n’est pas le cas, cachez-les derrière votre rage, et tirez les leçons de chaque instant pour éviter d’autres erreurs.
Orna parlait avec la voix d’un père qui éduquait un enfant, transmettant son savoir à travers lui, tout en restant calme et rassurant. Mais cela ne semblait pas plaire au lieutenant Kurolee, qui retira violemment la main de l’Arbiteur en rugissant :
- Ne touchez pas le commandant, Incapable ! Et ne vous avisez pas non plus de lui donner des conseils, sinon je vous exécute immédiatement !
- Est-ce pour cela que vous m’avez amené ici ? le défia Orna.
- Les Arbiteur ont été l’une des bases de l’Alliance par leur sacrifice, non par leur enseignement !
- Il suffit !!! hurla Irul en se tournant vers ses deux semblables.
La querelle cessa comme une bougie soufflée par une tempête. Avec une brutalité qui ne lui ressemblait pas, Irul empoigna le lieutenant des deux mains et le plaqua contre la colonne de l’ascenseur. D’une voix qu’il tenta de garder aussi calme que possible, il lui dit :
- Vous devriez avoir un peu plus de respect pour votre ancien commandant suprême, lieutenant. Ce sangheili a mené les armées de l’Alliance depuis notre pacte avec les prophètes, réprimant les rebellions, convertissant nos alliés et détruisant nos ennemis, recouvrant les saintes reliques de nos dieux. Jamais jusqu’à l’œuvre du Démon, nous n’avons eut raison de remettre en cause ses capacités ou son savoir.
« La décision de faire de lui un Arbiteur revient des prophètes, et je ne la contesterai pas. Mais votre comportement est tout simplement intolérable ! Alors je vous conseil de revoir votre jugement ! Sinon je me chargerai personnellement de revoir votre intérêt pour moi. C’est comprit ?
Le lieutenant ne répondit pas, mais ferma les yeux une longue seconde en signe de compréhension. Pourtant Irul percevait encore de la colère dans son regard. Alors qu’il relâchait son emprise, le jeune commandant ajouta d’un ton menaçant :
- Ne vous mettez pas en rogne avec quelqu’un qui m’est plus important que vous.
Sur ces mots, il se retourna vers le reste de l’escouade, et ordonna sèchement :