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Qui suis-je ?

Hughel 2
 

Nom : Comeau-Montasse

 

Prénom : Thibault

 

Âge: 30 ans

 

Job: préparateur documentaire à la centrale nucléaire du Tricastin (prestataire pour EDF)

 

Localisation: Saint-Paul Trois Châteaux, Drôme, Rhône-Alpes, France, Planète Terre, réalité n°246820 de la simulation créatrice

 

Passions: musique, jeux vidéos, jeux de rôle, lecture et, bien sûr, écriture

 

M'ECRIRE

 

LIEN VERS MON NOUVEAU BLOG

Citation du jour

  « On ne fait rien d’extraordinaire sans hommes extraordinaires,

  et les hommes ne sont extraordinaires que s’ils sont déterminés à l’être. »

 (Charles de Gaulle)

Ma Muse personnelle

 

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24 mai 2007 4 24 /05 /mai /2007 12:45
11. Deux vies bouleversées :
          C’est le grand jour. La gare est bondée de monde, tous aussi pressés que nous de partir. Le grand bâtiment a été récemment rénové et amélioré, couvrant de son immense toit de pierre les nombreux quais où se bousculent les vacanciers, dont la moitié ignorent que l’augmentation subite des prix de tickets sert à amortire ceux des travaux. Mais il ne faut plus que je pense au monde autour de moi. Je dois m’évader, avec Constance, de cette vie grise et banale.
           Nous avons laissé la direction des Enfants de la Raison à nos remplaçant. Après tout, ils sont là pour ça. Je suis sûr que Paul s’en sortira très bien, et Constance semble avoir une entière confiance en sa suppléante. De toute façon, il ne se passera certainement pas grand chose d’important durant les réunions des vacances, principalement parce que la plupart des élèves vont partir quelque part en groupes organisés pour passer d’agréables moments, tout comme nous.
          Je vois déjà d’ici les longs moments de rires et de camaraderie durant les descentes de pistes, les discussions pendant les remontées mécaniques, les repas ensembles dans un environnement agréable… tout cela me donne une pêche phénoménale, une envie folle d’y être déjà. Nos bagages à la main, nous avançons parmi la folle qui se bouscule, gesticule, crie à tue-tête, bref, le chaos du monde moderne.
          J’ai toujours remarqué que les gens se comportent étonnamment plus sauvagement lorsqu’ils sont regroupés que lorsqu’ils sont seuls ou très peu nombreux. J’appelle cela l’effet de masse, ou la faculté qu’a la foule à continuellement être bien plus que la simple addition de toutes les folies individuelles des personnes qui y sont embourbées. Cela m’amuse autant que cela me fait de la peine. Le fait d’être amusé parce que je porte un regard sérieux sur un monde déraisonné s’estompe devant la tristesse de ne pouvoir le sortire de sa vie absurde.
           Mais il n’est plus temps pour moi de porter de nouveau mon regard sur les autres. Tout ce qui m’intéresse désormais, c’est la semaine de détente que je vais passer avec Constance. Marchant à mes côtés, elle me présente un sourire qui en dit long sur la joie qui palpite en elle. Peut-être arriverai-je à la conquérir ? Qui sait ? J’ai peut-être le profil pour la rendre heureuse, puisque j’y arrive aujourd’hui, en ce moment même. J’aurais presque envie de l’embrasser comme simple réponse à ce si joli sourire… mais je me contente de sourire en retour.
          Bizarrement, le train de onze heures trente est à l’heure, destination le massif central. D’habitude ils ont au moins dix minutes de retard durant l’hiver. Enfin, c’est tant mieux pour nous : nous partirons plus vite d’ici. Je regarde alors cette fière suite de wagon arriver au loin pour pénétrer dans la gare, prêt à nous emporter loin de la ville et de sa tristesse. Je n’aurais jamais cru pouvoir tant aimer un train, moi qui déteste les transports en commun bourrés de monde jusqu’au manquement d’air.
          Nous approchons alors du quai d’embarquement, ralentis par le poids de nos lourdes valises ainsi que par la foule condensée à l’extrême dans chaque recoin de cette gare. La porte du wagon nous semble être à une année-lumière de nous tant nous avançons lentement, parmi ces êtres gris plus dans le fond que la forme, et je lance alors à Constance un regard d’amusement face au faible comique de la situation.
           Mais brusquement, un bruit assourdissant se fit entendre. Un bruit mêlant celui du métal frappé contre du métal, d’un souffle incroyable nous faisant tomber à la renverse, et du cri de stupeur de toutes les personnes présentes qui me glace le sang. Mes oreilles deviennent sourdes durant deux secondes pendant lesquelles je vois venir vers nous des flammes gigantesques depuis l’autre côté de la gare, comme des chevaux de feu galopant dans la gare de verre et d’acier. Une explosion !
          Le souffle est tel qu’il renverse tout le monde dans la gare, ainsi que les cadis, les bagages, et même notre wagon qui se met à pencher vers nous dangereusement. Aussi rapide que sous le commandement d’un réflexe, sauf que ce n’en était pas un, je plaque Constance au sol le plus loin possible du train, me plaçant au-dessus d’elle pour la protéger de mon mieux. Le wagon tombe subitement dans un tremblement de fin du monde, à peine quelques centimètres devant nous, juste avant que les flammes n’arrivent. Une chaleur épouvantable me passe sur le dos, semblant faire fondre mes habits pour mieux me brûler la peau. Mais le feu ne fait que passer au-dessus de nous, car le wagon renversé nous couvre parfaitement de la calcination pure et simple. Rapidement, les débris de l’explosion succèdent aux flammes, tombant sur le sol ou sur les gens comme des météorites incandescentes de destruction. Un gros morceau provenant d’une colonne s’abat brusquement juste à côté de ma tête et de celle de Constance, qui reste paralysée. Elle n’ose pas regarder ce déchaînement de désastre, et pleure dans mes bras en criant de toute la force de ses poumons. Mais les débris continuent de tomber, toujours aussi meurtriers, la gare commençant petit à petit à s’effondrer, la plupart de ses piliers et murs porteurs ayant été fragilisés.
           Rapidement, des morceaux du toit de pierre commencent à pilonner l’intérieur de la structure. Des centaines de gens sont écrasés, brûlés ou évanouis par le souffle qui les a projetés contre les murs. La mort est partout autour de nous, à nouveau seuls, et menace de nous prendre à n’importe quel moment. C’est alors que je comprends la signification de la philosophie de Constance ; devoir être prêt à mourir n’importe quand. Le monde est cruel, et nous devons vivre avec, acceptant ses règles d’illusion pour paraître immortel… mais cela nous empêche de voir que notre vie tient à peu de choses.
          Pourtant, je me refuse à croire que je vais mourir ici, avec Constance, alors que nous avons encore tant de choses à faire. Ce serai peut-être un cliché digne d’un roman shakespearien, mais ce serait aussi trop bête. Gâcher tant de jeunesse et d’espoir, ça, je ne peux m’y résigner, tout comme je ne peux me résigner à mourir sans savoir si nous avons une chance de vivre heureux ensembles. Mais où fuir ? La sortie de la gare est trop loin, et nous ne ferons sûrement pas dix mètres sans être écrasés. Il faut trouver une autre solution. Voyons… le wagon ! Il faut trouver une des écoutilles du toit. Par chance, il y en a une à un mètre sur notre droite, que la violence de la chute a ouverte. Prenant mon courage à deux mains, j’y emmène Constance qui peine à marcher. Peut-être est-elle blessée ? Je verrai cela à l’abri.
          Le train semble offrir une protection suffisante. L’intérieur ressemble à un décor de film apocalyptique, avec son lot de chaos, de corps inanimés et de ruine d’une ancienne puissance. Personne d’autre ne semble avoir pénétré en vie ce train. Doucement, je pose Constance sur le mur devenu sol et l’étend de manière à l’examiner.
                 -   Ca va, Constance ? Hé ! Réponds-moi je t’en supplie !
                  -   Je… je vais bien, fait-elle dans un gémissement aussi faible qu’un murmure. Il y a juste que… je… je ne sens plus ma jambe gauche.
          Je baisse alors le regard, et discernes une déchirure dans son pantalon, au niveau de la cuisse. J’écarte les lambeaux de tissus et peux alors voir une blessure de deux ou trois centimètres, causée par un bout de métal ancré dans la chaire. Sûrement un éclat projeté par l’explosion ou un débris tombé un peu trop violemment.
                  -   Tu a un morceau de métal dans la cuisse. Je vais le retirer mais cela risque de faire mal. Tu es prêtes ?
                  -     Vas-y, répondit-elle en s’agrippant solidement à un siège.
         Je saisis alors l’intrus et le sors délicatement, sans tremblement ni geste brusque. Le morceau vient tout seul et quitte la plaie sans histoire. Je déchire rapidement une ample part de ma chemise pour en faire un garrot de fortune pour stopper le saignement. Pendant ce temps, les débris du toit de la gare tombent de plus en plus violemment sur le wagon, mais celui-ci semble tenir bon. Avec un peu de chance, dans quelques minutes, les pompiers et les ambulances seront là. Ils nous retrouveront.
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SOMMAIRE
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